La réforme territoriale voulue par le gouvernement a permis à beaucoup de Français de mieux prendre conscience de leur identité régionale. Un des problèmes majeurs qui se posent aux régions est cependant la manière dont l’école de la République uniformise la culture : les programmes d’enseignement, mais aussi ceux des concours de recrutement, sont nationaux.
Il est vrai, dira-t-on, qu’il existe des CAPES de langue régionale : pour le corse, le breton, le basque, l’occitan, le catalan, le créole. Mais il faut d’emblée remarquer que la Savoie n’est pas représentée : le francoprovençal-arpitan (sa langue spécifique, parlée aussi dans le Dauphiné, le Lyonnais, le Forez, et les régions limitrophes de Suisse et d’Italie), n’a pas son concours de recrutement propre. Cela signifie que les auteurs qui ont écrit en cette langue n’ont pas droit de cité dans l’enseignement de littérature : Amélie Gex disparaît de l’horizon, tout comme le Bressan Bernardin Uchard, la Lyonnaise Marguerite d’Oingt, la magnifique chanson de geste (sans doute composée à Vienne, en Dauphiné) de Girart de Roussillon, mon arrière-grand-oncle Jean-Alfred Mogenet, Joseph Béard, Just Songeon, tout cela passe à la trappe – est plongé dans les oubliettes !