Ma candidature à la présidentielle de 2017 prend son sens politique après deux quinquennats préoccupants pour nos régions et leurs populations. Le bilan politique de cette période est vide de toute initiative valable pour réformer l’Etat jacobin, centralisé depuis Paris, qui enferme le pays dans les schémas du siècle dernier et ne permet, en rien, de trouver des solutions pour lutter contre le chômage. En France, on fait comme si l’élection présidentielle nous permettait de désigner la femme providentielle ou l’homme providentiel. Mais nous savons ce qu’il en est. Pendant ce temps les territoires où nous vivons sont maltraités. Nos propositions pour une vraie démocratie partant des territoires doivent retrouver enfin droit de cité. La réforme territoriale qui vient d’être mise en place est complètement déconnectée des réalités. Il devient essentiel de faire entendre une autre voix.
Il est temps d’emprunter une voie, plus juste et plus respectueuse des populations. Celle du centralisme prévaut depuis la monarchie. Elle a infligé des blessures profondes aux peuples de métropole et d’outre-mer : affaiblissement puis disparition à terme de leurs langues et cultures ancestrales, marginalisation territoriale. Il faut une politique nouvelle, adaptée à notre temps, pour rompre avec ce passé. Or la nouvelle carte des régions a été bâclée sur un coin de table, sans respect des territoires et de leurs identités, sans consultation des populations ni de leurs élus locaux. Une démocratie moderne, confrontée comme la nôtre à des problèmes économiques, écologiques, sociaux et culturels sans précédent, ne peut être gouvernée de cette façon. Il nous faut réagir et nous faire entendre. Le centralisme nous étouffe, il empêche l’imagination et les initiatives novatrices de s’exprimer ; il uniformise, il paralyse, il décourage aussi par ses pesanteurs. Le modèle jacobin, ce centralisme poussé à l’excès, nie ce qui fait les particularités de nos régions, tout ce qui constitue leur identité, comme leurs cultures, leurs langues, leurs façons de concevoir la vie en société, leur histoire, leurs traditions et leurs façons d’innover, de s’insérer dans l’Europe et de regarder le monde… Il faut libérer enfin le dynamisme dont nos peuples et nos régions sont capables.
L’Alsace doit vivre et les Alsaciens être respectés. La Bretagne doit pouvoir décider démocratiquement de retrouver son unité territoriale. La Corse doit pouvoir bâtir son autonomie selon les intérêts de sa population. Le Pays Basque, la Catalogne et la Savoie ont besoin de disposer d’une collectivité propre. L’Occitanie avec son territoire et ses régionsdoit pouvoir fédérer ses potentialités et revitaliser son identité, notamment sur le plan culturel et linguistique. Les régions historiques comme la Normandie, la Franche Comté ou la Lorraine doivent pouvoir mieux s’affirmer. La liste est longue…
Même pour la région parisienne et ceux qui y vivent, plus d’autonomie régionale irait dans le sens de plus de démocratie : L’État central n’a-t-il pas imposé son projet de «Grand Paris» contre l’avis des élus franciliens ?
Le fédéralisme que nous proposons est une réponse efficace à la crise sociale, écologique, économique et politique. L’exemple d’autres Etats et régions en Europe le démontre.
Le centralisme a échoué et échouera encore dans la lutte contre les inégalités territoriales. Et celles-ci se transforment en inégalités sociales. Jamais aucune réforme n’a eu le courage d’aller jusqu’au bout d’une véritable décentralisation. Il y a toujours eu des prétextes pour faire machine arrière. L’Etat centralisé est un Etat paralysé, replié, recroquevillé sur lui-même.
La dernière réforme, avec la création de métropoles n’a fait qu’aggraver la coupure grandissante entre des territoires privilégiés et le reste du pays. La nouvelle carte des intercommunalités, parfois décidée seule par les Préfets, ne répond pas toujours aux vrais bassins de vie et à la confiance que nous devrions accorder à l’énergie des territoires, à leur capacité d’innovation et de création.
Il y a urgence à faire émerger une force politique qui remette en cause le centralisme et propose une véritable régionalisation. C’est le sens de ma candidature. Il y a urgence à ce qu’un projet politique, qui donne de vrais pouvoirs et de vrais moyens aux régions, s’affirme sur la scène électorale, partout en France, pour redonner un espoir à ceux qui refusent « l’apartheid territorial » .
Je crois aux forces et aux capacités d’engagement qui existent dans nos communes, dans nos régions et je suis convaincu que nous pouvons peser sur la prochaine présidentielle. Ensemble, nous pourrons proposer ce qui n’a jamais été fait, jamais été osé en France, à savoir une démocratie enracinée et renouvelée, donnant partout les moyens à chacun de se réapproprier son avenir, de proposer des solutions adaptées au territoire où il vit.
Ce que je propose est le fruit d’une expérience. Maire de Carhaix, une commune de 8000 habitants, co-fondateur du festival des Vieilles Charrues, un des plus importants festivals de musique actuelle d’Europe, créateur et chef d’entreprises, je connais bien la réalité du terrain. J’y suis confronté chaque jour.
Comme beaucoup d’élus de base j’ai eu à me battre avec succès contre l’abandon des services publics en zone rurale et par exemple, après un combat acharné avec la population locale, sauver la maternité et la chirurgie de l’hôpital de Carhaix condamnées par la tutelle au nom de la rentabilité. Je suis arrivé à la conclusion qu’il faut ouvrir grandes les portes et les fenêtres pour aérer et vivifier les territoires et libérer les énergies.
C’est le seul chemin pour sortir de la crise qui frappe nos territoires régionaux de plein fouet: qu’ils retrouvent leur dynamisme dans le respect de leur identité.
Christian TROADEC
Maire de Carhaix
Conseiller départemental du Finistère