Le trois janvier dernier, un travailleur saisonnier et sa compagne ont trouvé la mort à la Clusaz dans l’incendie de leur camion provoqué vraisemblablement par un chauffage d’appoint. Ce camion se trouvait garé dans une zone glacée sans eau ni électricité, totalement inadaptée au caravaning.
Selon le forum social des saisonniers l’Isère la Savoie et la Haute-Savoie emploient en hiver 120 000 saisonniers. « Logés le plus souvent dans les villages limitrophes, ils prennent souvent leur véhicule pour rentrer après le service à leurs frais. 15% n’ont pas de contrat de travail, 25% n’ont pas d’heures sup’ payées » et seulement 8 % sont logés chez l’employeur.
Quand on connaît le prix prohibitif des loyers en station on comprend vite que le « choix de vie » que certains responsables évoquent n’en est pas un. En réalité ces travailleurs précaires n’ont tout simplement pas les moyens d’avoir des conditions de vie décentes et on ne peut que regretter que certains employeurs, même si ce n’est pas la totalité, considèrent que ce n’est pas leur problème.
Certains opérateurs s’enorgueillissent à juste titre de la locomotive économique que constitue leur tourisme d’hiver et de la richesse qu’il créé pour le pays. Nous refusons que cette prospérité se construise sur une forme d’esclavage moderne. Dans la Savoie que nous voulons, les travailleurs saisonniers doivent bénéficier de conditions d’hygiène et de repos dignes de ce nom.
C’est de la question du logement dans les territoires touristiques de montagne que les autorités feraient bien de s’emparer. Mais après de multiples promesses sans effets, quelle bienveillance peut-on encore attendre de l’État français centraliste sur ce sujet ? Des mesures drastiques ont été prises en Autriche et en Suisse pour que les villages de montagne ne deviennent pas des parcs de lits froids, vidés de leur population active. En France, la priorité demeure au placement financier et à la spéculation immobilière, et ce, à grands renforts de déductions fiscales. Un bien triste sort pour nos vallées savoyardes !
Le MRS s’associe à la peine des familles et des amis des victimes. Il demande à l’État et aux collectivités de prendre, en accord avec les représentants des saisonniers, des mesures de sécurité immédiates là où cela est nécessaire et de réfléchir à des solutions pérennes pour redonner un caractère décent à la vie dans nos vallées touristiques.
LF
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