Rhône-Alpes veut même contrôler l’air que l’on respire !

logo_airapsL’association Air de l’Ain et des Pays de Savoie (Air APS), reconnue d’utilité publique, a eu la charge ces dernières années d’effectuer des contrôles de pollution sur les deux départements savoyards, et sur le département de l’Ain. Une loi extraite du Grenelle de l’environnement II, oblige à dissoudre cette association et à ce que l’activité soit prise en charge par une structure régionale unique basée à Lyon dès le premier janvier 2012.

 

Des contrôles de l’air qui révèlent des mesures inquiétantes

Depuis deux ans, de fortes protestations sont manifestées par les associations environnementales de la vallée de l’Arve :  la qualité de l’air y est mauvaise et même dangereuse. Preuves à l’appui, les relevés effectués par… l’Air de l’Ain et des Pays de Savoie. 
En particulier, à Passy, le niveau de alpha benzopyrène, polluant hautement cancérigène, pour lequel le seuil légal fixé à 1ng/m3 a été dépassé en 2009 de 390% !

Pour cette année 2011, le seuil de 35 jours de dépassement du taux maximal de pollution en particules fines (PM10) est déjà dépassé dans la vallée de l’Arve depuis le 8 mars, pour atteindre en fin d’année un total de 71 jours ! Remarquons au passage que les pics de pollution ne sont pas représentatifs de la dangerosité d’un polluant qui est davantage liée à sa persistance, même à des concentrations très largement inférieures à celle du pic.



L’État sommé de réagir
Plusieurs associations, dont en particulier l’Association des Victimes de la Pollution de l’Air en Vallée de l’Arve (AVPAVA),  ont déposé une plainte au tribunal administratif contre l’État pour non respect de la loi LAURE (Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Énergie). Il faut dire que les maladies respiratoires sont nombreuses dans cette vallée. Nombre de personnes se plaignent aussi de leur durée, qui coïncide souvent avec les longs mois où le phénomène d’inversion de température emprisonne les nappes nuageuses dans le fond des vallées. Pour les personnes souffrant d’asthme et de troubles respiratoires, la vie au pied du Mont-Blanc est devenue un véritable calvaire. On est loin de la belle idée de « la montagne à l’état pur », qui n’est une réalité que sur les plaquettes publicitaires de la station touristique de Saint-Gervais les Bains !

Par ailleurs, la Commission européenne a renvoyé la France devant la Cour européenne de justice pour « non-respect des valeurs limites […] applicables aux particules en suspension connues sous le nom de PM10. » En conséquence, « depuis l’entrée en vigueur de la législation, en 2005, les valeurs limites applicables aux PM10 ne sont pas respectées dans 16 zones de qualité de l’air en France. »

Devant ces pressions, le préfet de Haute-Savoie a été obligé de lancer un Plan de Prévention de l’Air (PPA), le seul en France qui ne porte pas sur une grande agglomération.  L’enquête publique de celui-ci vient de s’achever en novembre 2011 et celui-ci devrait être appouvé prochainement.

 

pollution raUne régionalisation qui sonne comme une centralisation

Mais voilà, l’Air de l’Ain et des Pays de Savoie, dont les relevés sont accessibles sur internet, est une organisation qu’il est urgent pour certains de contrôler et de dépecer.  Son absorption prévue pour le 1er janvier 2012 par une structure régionale, en vertu de la loi du Grenelle II de l’environnement, n’est-elle pas une manière de l’éloigner du terrain et de tarir toute capacité d’initiative ? Déjà sur le site http://www.atmo-rhonealpes.org/, la zone de pollution de la vallée de l’Arve n’apparait plus qu’en filigrane dans la carte du vaste territoire de Rhône-Alpes.

Une fois de plus cette « régionalisation » sonne surtout comme une centralisation pour le compte de l’insatiable mégapole du grand Lyon, dans la plus grande tradition jacobine de concentration pyramidale des pouvoirs.

Outre les craintes sur la pérennité de l’emploi de dix salariés, sur les capacités financières qui resteront allouées à l’Ain et aux Pays de Savoie pour le contrôle de l’air, le comble est que cette opération générera forcément… de la pollution. En effet les trajets entre le siège décisionnel et les sites de mesure ne pourront que s’accroître et générer encore un peu plus de carbone, de dioxyde d’azote, de microparticules… tout cela pour une efficacité amoindrie !

On n’arrête pas le progrès !

 

LB

 

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La Voix des Allobroges : Un air de malentendu pour l’Ain et les Pays de Savoie 

Site EELV Région Savoie : L’insupportable pollution de l’air

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