Communiqué du 09 12 2010

Un dess(e)in pour la Savoie.

 

Depuis plus d’une année, la fusion de nos deux départements est évoquée par les présidents des Conseil généraux de Savoie et de Haute-Savoie. D’abord sur le fond mouvant d’un projet de réforme des collectivités territoriales sujet à d’âpres discussions jusqu’au sein de la  majorité présidentielle. Maintenant sur la base d’une loi par laquelle cette fusion devient possible. Son principe et ses modalités éventuelles seront débattus le 17 décembre par l’Assemblée des pays de Savoie (APS). Après une telle gestation, longue et mouvementée… et en prévision d’un accouchement difficile , La Voix de Allobroges a pris l’initiative d’un colloque, joliment intitulé « Dessine-moi une Savoie », avec l’idée de faire le point sur les attentes de la société civile et les perspectives des décideurs politiques. Il a eu lieu le samedi 4 décembre à Chambéry avec le soutien du Mouvement région Savoie, en partenariat avec l’Alliance libre européenne et Humanisme et Société.

Il fallait d’abord replacer le sujet dans son contexte sociologique, ce qui fut fait par un disciple du professeur en Sorbonne Michel Maffesoli, venu spécialement de Paris. A la modernité datant des Lumières, a succédé depuis trente ans la postmodernité. L’organisation sociale ne correspondant plus à l’attente des gens, ils s’en détournent au profit d’un nouveau « territoire » où « le lien remplace le lieu », où une culture du « vivre ensemble », telle qu’elle existe en Savoie peut supplanter le cadre sociétal. Ce fut ensuite au professeur André Palluel-Guillard d’aborder le contexte historique de l’identité savoyarde. Que l’on soit citoyen, militant ou notable, ce qui compte c’est l’idée qu’on s’en fait, et c’est souvent « Nous, on est comme les autres…mais on est savoyards ! » La députée européenne de Chambéry, Malika Benarab Attou conclut cette introduction en affirmant qu’il fallait porter la Savoie dans son cœur pour qu’elle existe à Bruxelles, d’où elle était invisible, faute d’existence administrative et politique.

Une première table-ronde réunit ensuite des représentants* de plusieurs organisations qui ont choisi de rassembler ou de fusionner leurs activités du 73 et du 74 : Crédit Agricole, Chambre d’Agriculture, Chambre des notaires, Sociétés savantes, TV8Mont-Blanc, Association des enseignants de la langue savoyarde… entre-autres. Ces projets fédérateurs recèlent des sources de dynamisme ; nous rendent plus visibles de Lyon ou de Paris et permettent de conjuguer nos forces pour affronter la crise. Si les avantages de telles fusions n’ont plus à être démontrés, pourquoi les progrès sont-ils si lents au plan des institutions ?

Une seconde table-ronde présentait un panel presque exhaustif des forces politiques

savoyardes, avec des représentants** de l’UMP, du PS, d’Europe écologie, du NPA, exerçant à eux tous la quasi totalité des fonctions électives. L’impression dominante qui résultait des échanges a été, à l’exception des élus d’Europe écologie Les Verts, celle d’un grand désarroi devant l’ampleur et la complexité de la tâche à accomplir. Désarroi partagé entre ceux qui avaient déjà donné sans aucun résultat et ceux qui étaient prêts à miser sans savoir sur quoi ! « Attendre et voir » serait apparemment le mot d’ordre que se partagent l’UMP et le PS local…

C’est évidemment le contraste entre la forte demande de la société civile et l’offre hésitante de la plupart des politiques qui a fait tout l’intérêt de ce concert à deux voix.Le MRS retiendra la conclusion de René Carron, qui était à peu près celle-ci : « il faut anticiper pour ne pas subir… mais les critères sont si nombreux qu’il faudrait aider les acteurs politiques à s’y retrouver ». Super département, région ou structure nouvelle dotées de compétences exercées jusqu’ici par l’Etat ? Ce sont les hypothèses plausibles qui devraient être examinées par l’APS. Une chose est sûre, rien ne serait pire que le statu quo et la Savoie ne peut se permettre un nouveau rendez-vous manqué.

*Participants à la table ronde Société civile :

Claude Barbier, vice-président de l’Union des sociétés savantes de Savoie, Marc Bron, président de l’association des enseignants de la langue savoyarde, Didier Curtenaz, directeur de l’agence départementale de la Chambre d’agriculture, René Carron, ancien président du Crédit Agricole, Philippe Deparis, animateur sur TV8Mont-Blanc, président de l’association Sentiers citoyens, Jean-Luc Favre, avocat, membre des Barreaux de Thonon et Annemasse, Laurent Favre, président de l’association Envoie du gros, Janie Tremblay, conseillère régionale, représentant le Parc régional des Bauges.

**Participants à la table-ronde Politique :

Patrice Abeille, conseiller municipal de Sainte-Reine, secrétaire général de la Ligue savoisienne, Malika Benarab Attou : députée européenne (EELV), Louis Besson, président de Chambéry Métropole et maire honoraire (PS) de Chambéry, Noël Communod, conseiller régional (EELV), président du MRS, Philippe Métral-Boffod, conseiller municipal (NPA) d’Annecy, Christian Rochette, conseiller régional (UMP) de Savoie, Lionel Tardy, député (UMP) de Haute-Savoie, Frédéric Zory, conseiller général (PS) de Haute-Savoie.

Bernadette Laclais, vice-présidente du conseil régional, maire (PS) de Chambéry, est intervenue depuis la salle.

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