Au diable les intrigues politiques locales, dont nous ne voulons plus souffrir ! La population de Savoie devrait-elle être privée d’un débat sur la création d’une collectivité unique de Savoie ?
Le lundi 29 octobre 2018, les Alsaciens ont obtenu un accord jetant les bases de la future « collectivité européenne d’Alsace ». Certes, dans ce pays ultra-centralisé qu’est la France, l’Alsace sera avec ce dispositif encore loin de posséder de compétences régionales et d’une autonomie dignes de celles d’un état fédéral européen, mais elle disposera du socle institutionnel qui lui permettra de développer au fur et à mesure d’opportunités à venir, les politiques autonomes dont elle a besoin.
Depuis le mois de novembre, les drapeaux de Savoie ont été nombreux parmi les manifestations. La population attend une véritable reconnaissance. Il serait étonnant que notre territoire, frontalier avec deux pays, disposant d’une culture forte inscrite dans l’histoire européenne ainsi que de multiples spécificités économiques et géographiques, ne puisse pas obtenir lui aussi le statut de « collectivité européenne de Savoie ».
En décembre, le président du Conseil Départemental de Savoie, Hervé Gaymard, a souhaité « parler d’avenir ». Il a présenté une vision à long terme et a ouvert l’idée d’un débat sur la création d’une collectivité unique « Savoie Mont-Blanc ». Cette initiative doit être saluée, d’autant plus qu’elle rompt avec la très jacobine tradition d’attendre que ce soit Paris qui décide des schémas institutionnels dont nous avons besoin. Ce projet concerne tous les Savoyards, au nord, comme au sud, et nous ne comprendrions pas que quelques personnes dépassant largement leurs prérogatives de représentant départemental s’opposent au déroulement de ce débat.
Les enjeux sont majeurs ! Transports publics, formation professionnelle, université, culture, santé, environnement, développement économique, transition énergétique, relations transfrontalières… allons-nous laisser longtemps les grandes métropoles Lyon et Paris décider à notre place des questions qui concernent notre quotidien ?
Et le débat doit aussi aborder sans tabou la crainte d’une possible centralisation sur Annecy ou Chambéry ? Quelle organisation mettre en place pour l’éviter ? Comment articuler une organisation qui corresponde au mieux à notre territoire polycentrique ? Certains aspects ne devraient-ils pas être gérés sur des périmètres plus restreints ? Et doit-on associer aussi nos voisins du Pays de Gex et du Bugey dans ce débat ?
Montagnards, il n’est pas dans nos habitudes de lâcher prise au milieu de la paroi, lorsque la voie est délicate. Il est temps d’en parler, de solliciter les élus, de les ramener si besoin à leurs responsabilités, de leur demander de regarder l’avenir sur le long terme. Rassemblons-nous. Les formes institutionnelles suivront, s’amélioreront au fil du temps, gagneront de nouvelles compétences. De nouvelles formes démocratiques émergeront. Mais pour cela, il faut le croire et le vouloir. Il faut que nos volontés collectives s’expriment. Il est temps pour les Savoyards apathiques que nous sommes de dire sans réserve notre désir de Savoie.
L.B.