Réflexions républicaines…

« La République, quoique éteinte, a continué de vivre dans l’église ».

Cette inscription disposée sur un mur de la cathédrale Saint-Pierre de Genève, en dit long sur les soi-disant intentions « républicaines et universelles » de l’envahisseur jacobin à l’époque de la Révolution française.

En France, la République est toujours associée à la laïcité. A Genève, elle est issue de l’activisme de Calvin, donc associée initialement au protestantisme.

La mythologie nationale française porte à croire que la France aurait réinventé la République antique. Ainsi, pour prendre un exemple très caractéristique, la page « République » de wikipédia en Français (version du 18/02/2016), présente dans un premier temps les Républiques antiques, puis cite quelques penseurs : Jean Bodin, Jean-Jacques Rousseau, Blaise Pascal, Voltaire, Montesquieu, pour passer tout de suite à la République française. Wikipedia en français est fait par les internautes français : ce qui caractérise la pensée communément véhiculée. On peut lire ainsi sur la page :

Au moment de la Révolution française, en référence à la République romaine qui s’est établie à la suite de la monarchie, le régime politique qui fait suite à l’Ancien Régime est baptisé « république » en référence à l’idéal de gouvernement romain. Le 21 septembre 1792, en conséquence de la proclamation de l’abolition de la royauté, la Première République française est déclarée.  

Cette perception fait fi des villes Républiques : Venise, Gênes, Hambourg et bien d’autres. Wikipedia france parle de « quasi-républiques médiévales » dans une section suivante
Peu de monde en France sait que l’Angleterre a fait l’expérience de la République 140 ans avant la prise de la Bastille (même si celle-ci durera moins de 20 ans).

Genève pour sa part, est constituée en République en 1541 et restera ville libre jusqu’à… la Révolution française. Durant cette période, la ville connaîtra une relation ambiguë et de plus en plus intrusive de la part de la « grande » et nouvelle République voisine, jusqu’à être annexée en 1798. Genève sera considérée comme toutes les autres villes de province française, subissant la centralisation jacobine puis bonapartiste.
Les Genevois garderont néanmoins secrètement le goût de la liberté, comme en témoigne cette plaque de la cathédrale Saint-Pierre. Genève restaure sa République le 31 décembre 1813, suite à la la défaite des armées napoléoniennes. C’est seulement à ce moment que la ville décide de se joindre à la confédération helvétique, afin de se protéger de nouvelles invasions françaises. Elle sera effectivement intégrée à la Suisse le 19 mai 1815, et garde toujours son statut de République.

On parle ici de « République », notion souvent amalgamée avec la « Démocratie ». Pourtant ce n’est pas tout à fait la même chose. Mais gardons cela pour un autre article…

Laurent BLONDAZ

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