L’association « Collectif non au gaz de schiste, pays de Savoie et de l’Ain » vient d’élire son premier conseil d’administration. Dès juillet elle sera dotée d’un bureau qui lui permettra de s’exprimer officiellement devant l’opinion et les autorités. Il était temps car, période électorale oblige, une surprenante unanimité semble s’installer. Devant le tsunami de protestation qui a déferlé sur notre territoire, la classe politique toute entière s’est emparée du sujet pour en faire un thème de campagne et ,pour un peu, on ne parviendrait pas à distinguer ceux qui sont vraiment contre de ceux qui ne sont pas tout à fait pour
En ce qui concerne le Mouvement Région Savoie, nous sommes plutôt à l’aise sur la question puisque nous avons pris position contre les gaz de schiste (http://www.regionsavoie.org/energies/218-gaz-de-schistes-en-savoie.html,) dès la création du collectif, qui comptait d’ailleurs plusieurs membres du MRS parmi ses fondateurs. Nous sommes donc bien placés pour donner notre avis sur ce condensé des dérives qui menacent notre pays en alliant scandale écologique et scandale démocratique.
Depuis septembre 2011 date de création du collectif « non au gaz de schiste » la contestation ne cesse de s’étendre. Ce sont maintenant plus de septante communes ou syndicats intercommunaux qui ont émis des vœux, pris des arrêtés voire des délibérations contre la prospection et l’exploitation des « hydrocarbures de roche mère » puisque tel est le nom scientifique des gaz, huiles de schiste et autres « tight gas »( http://accueil.ngds74.info/pages/Partis-politiques). Il s’agit là d’une véritable fronde des « petits » élus qui découvrent avec stupéfaction ce que les autorités s’étaient bien gardé de leur dire.
Le gaspillage de la ressource en eau, les risques de contamination des nappes, la pollution de l’air, la fragilisation du sous-sol pour le plus grand profit de compagnies étrangères n’étaient donc pas une invention de ces « écolos » toujours suspects de catastrophisme. Même ceux qui se méfiaient de « Gasland » parce que » c’est un film partial » ou que » les USA ne sont pas la France », même ceux qui au début pensaient que « s’il y avait quelque chose, la préfecture nous aurait prévenus » ont dû se rendre à l’évidence. On avait programmé, sans même les en aviser le saccage de leur territoire.
L’air, l’eau, la terre, bref la vie ne sont pas à vendre et il est réconfortant de penser que les Savoyards commencent à le comprendre. Tout ce passe comme s’ils disaient aux décideurs parisiens qui les ont si souvent abusés : « vous allez trop loin, cette fois nous ne vous suivrons pas ».
Demain les pétroliers, l’amicale des foreurs, les parlementaires et les médias à leur solde vont contre attaquer en s’appuyant sur le prix des carburants qui va continuer à grimper et la dette nationale alourdie par la facture énergétique. Nous aurons droit, n’en doutons pas, aux couplets lyriques sur « l’indépendance énergétique, », « la manne pétrolière sous nos pieds » ou diatribes vengeresses contre les « ayatollahs verts » qui sont contre tout. Trop tard ! Ils ont commis l’erreur de vouloir passer en douce, profitant de ce centralisme extravagant qui a permis à un ministre de signer le permis de Gex sans en référer à quiconque. Ils ont maintenant un coup de retard et leurs futures campagnes de communication feront long feu.
A condition, évidemment que nous restions mobilisés.
Bernard Juillet