Vers le fédéralisme européen ?

 

 Par Bernard Juillet{jcomments on}

integration-ue2L’opposition au traité budgétaire européen instaurant « une règle d’or » d’équilibre budgétaire a fait long feu. L’Assemblée l’a adopté par 477 voix contre 70. Il n’y avait pas photo et l’organisation d’une manifestation pour demander un référendum seulement quelques jours avant le vote montre bien que même les organisateurs n’y croyaient pas. Autant dire que leurs motivations relevaient au mieux de la posture et du symbole, au pire de calculs politiciens.

Rien à voir donc avec le refus du traité constitutionnel de 2004 obtenu après une réelle mobilisation populaire et de vrais débats. On peut avancer différentes explications. Les opposants au traité souligneront que cette fois le peuple n’a pas eu l’occasion de se prononcer directement alors que ses partisans affirmeront que ce même peuple adhère à l’idée simple qu’on ne peut pas dépenser plus qu’on ne gagne. Il semble malheureusement qu’il faille plutôt chercher la vérité du côté de la résignation et de l’indifférence, résultats d’une crise qui n’en finit pas et que l’Europe semble impuissante à maîtriser.

Dans ces conditions il était prévisible que l’annonce de l’attribution à l’Europe du Nobel de la paix entrainât scepticisme et dérision dans l’opinion qui a oublié les deux épouvantables guerres du siècle dernier engendrées par la fièvre nationaliste. Et à ceux qui se félicitent du modèle que l’Europe propose au monde en terme de valeurs démocratiques et de droit de l’homme (et des femmes !) on oppose la situation économique de plus en plus difficile des Européens.

Mais si l’Europe est en grande difficulté c’est pour avoir longtemps cru que la constitution d’un marché unique et la libéralisation des échanges constituaient une fin en soi. En réalité l’Europe n’a pas pu ou pas osé se donner les moyens de ses ambitions. De grands défis l’attendent qui peuvent lui faire regagner la confiance des peuples : harmonisation fiscale et sociale, taxation des transactions financières, investissements pour la transition énergétique. Tous ces chantiers ne pourront se réaliser sans une politique commune et la construction d’un ensemble fédéral intégré. Il y a longtemps qu’on le savait mais on ne le disait pas. Maintenant certains commencent à le dire. Il reste maintenant à le mettre en place.

Aujourd’hui l’Europe est mûre pour le fédéralisme.

La France sera-t-elle à la hauteur de ce rendez-vous ? Saura-t-elle réaliser sa mutation culturelle et se débarrasser d’un modèle ultra centralisé qui conjugue, sous prétexte d’indépendance nationale, la technostructure administrative et le modèle productiviste des années soixante ? La classe politique saura-t-elle prendre ses responsabilités, elle qui pendant des années a joué double jeu, se défaussant courageusement sur « Bruxelles » chaque fois qu’une loi ou une règlementation déplaisait aux électeurs ? Enfin la population comprendra-t-elle que le souverainisme qu’il prenne les relents nauséabonds du néo pétainisme ou les accents enflammés du messianisme révolutionnaire aboutit à une impasse ?

On peut rêver mais pourquoi pas ?

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