Congrès de l’ALPE, Pollein (Aoste), 5 Mars 2011

Congrès de l’ALPE, Pollein (Aoste), 5 Mars 2011

MRS-PO 09/03/11

Une délégation du Mouvement région Savoie s’est rendue à Aoste le 5 Mars 2011 à l’invitation de Carlo Perrin, coordinateur de l’ALPE, parti politique valdôtain dont l’acronyme signifie Autonomie , Liberté, Participation, Ecologie.

Le premier congrès de l’ALPE depuis sa fondation en 2010 a consacré l’association des principaux partis d’opposition à l’Union Valdôtaine (UV), le parti majoritaire en Vallée d’Aoste depuis plus de 60 ans. Son principal objet était de doter l’ALPE de statuts dont le projet a été soumis, débattu et approuvé par plus de deux cent congressistes. En introduction, Carlo Perrin remercie les invités dont Eric Defoort, président de l’Alliance Libre Européenne, François Alfonsi, député européen, et Noël Communod, président du MRS, ainsi que les très nombreux représentants des partis politiques et syndicats valdôtains. Tous prennent la parole pour saluer l’émergence de l’ALPE, sauf Ego Perron, président de l’UV, qui déplore l’attitude offensive de l’ALPE et l’absence de toute concertation avec l’UV. L’examen des 19 articles des statuts occupe ensuite le congrès pour le restant de la matinée.

   

Les principaux thèmes du projet politique de l’ALPE sont développés ensuite.

 


L’autonomie de la région Vallée d’Aoste est garantie par le Statut spécial de 1948 qui définit les compétences suivant les principes fédéralistes : répartition des ressources entre les communautés locales pour qu’elles puissent s’autogouverner, généralisation de la subsidiarité pour favoriser l’initiative privée, participation dans les rapports entre citoyens et administration. Ce cadre est trop souvent déformé au profit de la démagogie locale. Pour sa part, l’Etat italien est très ambigu : sous prétexte de fédéralisme fiscal il impose des règles qui diminuent considérablement les ressources des régions. L’ALPE veut alléger la tutelle de l’Etat et resserrer ses liens avec l’Europe et d’autres organisations internationales (ONU, UNESCO).

L’économie est en grande partie sous perfusion des fonds publics, soit directement par la Région, les communautés de montagne ou les communes, soit par l’intermédiaire de sociétés privées contrôlées par la Région et gérées par des hommes de la majorité. L’ALPE dénonce cette mainmise sur l’économie.

L’environnement est menacé par la logique du bénéfice immédiat. S’ajoutent maintenant à la pression immobilière des projets pour la production d’énergie dite renouvelable qui menacent l’environnement. La qualité de l’air est affectée en raison de l’absence d’une politique de transports publics alors que la Région a dépensé beaucoup d’argent pour tenter sans succès de développer le trafic aérien. La construction d’une coûteuse unité de traitement des déchets à Aoste vise plus la production d’électricité que la dépollution.

L’instruction publique, la culture et l’université, supposent des choix qui permettraient à la société valdôtaine d’être solidement enracinée dans l’Europe, efficace et compétitive dans le marché globalisé, mais attentive à ses propres racines dans son territoire et son histoire. Pour l’ALPE l’autonomie scolaire doit permettre de promouvoir un modèle d’école européenne capable d’accueillir les autre cultures. Les atouts pour l’éducation et la culture valdôtaines que sont le bilinguisme et le plurilinguisme n’ont pas été suffisamment valorisés, comme ils auraient pu l’être grâce à une linguistique intégrée. Le projet de construction de la nouvelle université d’Aoste est élaboré par le Président de région sans concertation avec les responsables académiques ou politiques. L’ALPE estime qu’il est fondamental qu’un débat sérieux et approfondi s’instaure avec toutes les parties prenantes.

La santé et les politiques sociales devraient, selon l’ALPE, garantir l’accès aux soins à tous les citoyens de manière égalitaire. Ce n’est pas le chemin suivi par la majorité, qui favorise la privatisation de la santé. Il est vital que les services sociaux puissent coopérer efficacement avec les autres services publics pour offrir des solutions adéquates aux personnes en difficulté.

Le monde du travail supporte les conséquences de la globalisation, de la crise économique, de l’augmentation de la durée de vie, ce qui a complètement modifié le rapport au travail et les relations syndicales. La catégorie la plus touchée est celle des jeunes avec la généralisation du travail précaire qui selon l’ALPE devrait avoir une durée limitée sous peine de sanctions pour l’employeur. Le travail des femmes doit être compatible avec leur vie familiale sous peine d’une faible participation au marché du travail et d’une baisse de la fertilité, avec pour conséquence le vieillissement actuel de la population. L’assistance aux chômeurs doit être réévaluée en particulier pour les travailleurs précaires. L’ALPE est favorable à une allocation de chômage unique perçue par tous, un salaire minimum garanti, mais surtout pour des mesures en faveur du premier emploi et du réemploi. Les petits entrepreneurs, comme les commerçants et les artisans, connaissent les conditions les plus difficiles depuis cinquante ans de par la concurrence des grandes surfaces et des grandes entreprises, de la limitation du crédit, du fisc et des contraintes administratives, ce qui interdit à beaucoup de poursuivre leur activité. L’ALPE se prononce pour le soutien du commerce de proximité et le droit à un salaire minimum garanti pour les commerçants et artisans en cessation d’activité.

Les transports sont déséquilibrés par l’excès du transport routier dont les inconvénients sont majorés dans les Alpes par la fragilité de l’environnement, le relief et les conditions climatiques, avec des conséquences néfastes sur la santé des habitants et l’attrait touristique. Si, en Vallée d’Aoste, on assiste à une stabilisation du trafic des TIR, celui-ci ne résulte pas de mesures politiques mais de la crise économique qui réduit les échanges commerciaux. L’ALPE s’oppose au doublement du tunnel du tunnel du Mont-Blanc. Une attention particulière doit être accordée à la dégradation du service ferroviaire, pourtant indispensable à de nombreux travailleurs pendulaires et aux étudiants, qui est aussi un important atout touristique. Les transports publics doivent desservir toutes les vallées latérales de façon coordonnée et intégrée avec un seul billet multimodal sur toutes les lignes. Quant à la ville d’Aoste des mesures urgentes sont indispensables pour éviter sa paralysie et son asphyxie, améliorer la qualité de vie des citadins. Plus généralement, l’objectif de l’ALPE est d’éliminer le trafic inutile en favorisant la consommation des biens à « zéro kilomètre », une pratique qui favorise l’authenticité et la salubrité des produits alimentaires, soutient l’économie de montagne et limite la pollution de l’environnement.

Une attention toute particulière est dédiée par l’ALPE au Mouvement région Savoie dans les projets transfrontaliers qui sous-tendent la création d’une communauté alpine, dont celui d’un deuxième Sommet du Mont-Dolent qui prolongera dès octobre 2011 la réflexion initiée aux Gets en 2010. Il sera consacré, pour une grande partie, à la question ardue des transports en zone de montagne, qui recoupe de difficiles problèmes socio-économiques et environnementaux.

 

 

1er congres carloperrin
Carlo Perrin
albert chatrian
Albert Chatrian
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Le Député R. Nico
1er congres carloperrin
Carlo Perrin, R. Louvin, E Defoort

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