Le gouvernement français a décidé, assure-t-il, de créer de grandes régions aux pouvoirs renforcés, regroupées autour de métropoles dynamiques. J’ai un peu du mal à voir pourquoi on ne peut pas commencer par renforcer les pouvoirs des régions existantes; la superposition des deux réformes risque de faire apparaître la seconde comme une promesse destinée simplement à faire passer la première.
Mais la question reste de savoir s’il est vraiment indispensable de créer des grandes régions centralisées autour de métropoles dynamiques, et en particulier si pour l’ancienne Savoie c’est une nécessité.
Au dix-neuvième siècle, les Savoyards, isolés dans leurs frontières, apparaissaient comme un peuple de paysans dirigés par des magistrats depuis des petites villes: au fond, l’organisation médiévale persistait, avec quelques aménagements pour préciser le droit, le rendre plus clair. Ce n’était pas le féodalisme au sens négatif, où le seigneur faisait ce qu’il voulait: plutôt un Moyen Âge tel que le concevaient les romantiques, avec un bon roi lointain qui s’efforçait d’aider les Savoyards à s’enrichir et des administrateurs et des ecclésiastiques qui étaient des leurs. Stendhal à cause de cela louait le régime du Duché – vantant jusqu’aux mérites des prêtres locaux, qui étant savoyards eux-mêmes participaient pleinement à la vie populaire.