Le 31 janvier dernier, Xavier de Foras, l’un des fondateurs du Mouvement Région Savoie nous a quitté.
Un autre membre de longue date du mouvement, Jean-Marc Jacquier, s’était chargé de reprendre contact avec lui en 2020. Malheureusement, comme nous le savons, Jean-Marc nous a aussi quitté subitement. De leurs échanges, il en ressort une lettre où Xavier de Foras explique le démarrage du Mouvement Région Savoie. Nous la reproduisons ici intégralement. Par ses mots, nous saisissons ici sa grande liberté d’esprit et de parole à l’origine de l’élan autonomiste dans lequel nous nous inscrivons aujourd’hui.
Le M.R.S.
Juin 2020
Je n’ai que mes souvenirs de père fondateur qui sont maigres. Voici ce qu’il m’en reste : Réunion des Associations de Savoyards de Paris, de Lyon et d’ailleurs en 1969 à Albertville. Les Savoyards vivant en Savoie pouvaient y participer puisque j’en étais. Trônaient à la tribune la fine fleur de nos élus avec les présidents de ces associations, ces amicales inoffensives, incapables de s’intéresser à quelque idée pouvant interpeller les pouvoirs publics.
Je tenais à la main le journal « Le Monde » dont j’avais tiré le sujet de mon intervention : la régionalisation démarrait en France (elle est toujours à réaliser). « Le Monde » précisait qu’au moins 2 départements pouvaient demander un nouveau découpage régional, ou à former une région à eux deux. Réaction unanime des participants si je me rappelle bien : calme plat, ce n’était pas leur affaire.
Désirant lancer une association régionaliste, ne connaissant guère de gens, je m’adresse à Max Molliet célèbre autonomiste thononais qui adhère d’emblée à cette idée. Il était avec sa compagne Josiane Floret qui devint la grosse tête du mouvement. Elle fit une étude approfondie sur l’économie de la Savoie, prospère qui réfutait par avance l’argument de l’administration niant la viabilité de ce projet.
Nous nous adressâmes aux associations de Savoyards de souche : les Savoyards de Savoie dont j’étais et l’Annonciade qui adhérèrent plus ou moins malgré les disputes. Mais mon idée originale pour la qualifier ainsi moi-même, était de s’adresser à tous les habitants de la Savoie (les 2 départements) La presse en fait état, tracts, réunions publiques un peu partout, le mouvement était lancé.
Presque dès le début le docteur Stéphane Mériguet, le journaliste maire adjoint de Thonon qui visait la place de Georges Pianta, René Grillet garagiste à Thonon, André Donzier (maire adjoint) et d’autres que je ne peux citer parce qu’ils furent nombreux, et parce que j’ai oublié. (j’ai huitante ans de fatigue !)
Le mouvement était lancé qui, un an après obtint 20000 signatures d’une pétition que le très honnête, efficace sénateur-maire d’Annecy nous avait demandée de lancer. Mr Charles Bosson, le père, le maire, acceptait même pour des raisons purement historiques que Chambéry soit la capitale de la Région Savoie.
Je suis convaincu que nous aurions abouti si l’administration d’alors ultra centralisatrice et surtout toute puissante n’avait fait preuve de tant d’hostilité, pensant supprimer les crédits des maires récalcitrants. La pression publique fut telle que les conseils généraux se sentirent obligés de débattre et de voter pour ou contre une Région Savoie. La Haute-Savoie fut pour, la Savoie contre.
N’ayant plus d’objectifs précis le mouvement commence à se disputer. Je me retirai.
XdF