Pour une France libérée de son hyper-centralisme

Lettre envoyée aux Maires des Pays de Savoie

 

Madame, Monsieur le Maire,

 

Tout comme vous, nous avons été récemment spectateurs de graves dénis de démocratie provoqués par la mise en œuvre de la loi NOTRe. Dans un premier temps, la fusion des régions qui nous a été imposée aurait du faire l’objet de référendums dans chacun des territoires concernés, en vertu de la charte européenne de l’autonomie locale, ratifiée par la France en 2007. Au mépris du droit européen, cela n’a pas été le cas.

Plus récemment, la carte des communautés de communes a été redessinée selon des schémas idéologiques centralisateurs donnant tous pouvoirs aux villes les plus grandes, dans le plus grand mépris des communes rurales et excentrées. Nombre de maires et conseillers municipaux ont été « bafoués »1 : leurs avis ont été littéralement ignorés, parfois même lorsqu’ils étaient pourtant majoritaires.

La disparitions programmée des départements et la perte de la clause de compétence générale sont aussi des problèmes majeurs pour les Savoyards. Nos deux conseils départementaux ont en effet souvent permis de combler les sous-investissements publics de la région et de l’État, ceci s’expliquant principalement par notre éloignement des centres de décisions au sein de ces entités administratives.

Cette vision jacobine est un contresens pour les Pays de Savoie.
Les Pays de Savoie, territoires reconnus pour leur dynamisme humain et économique, ont subi cette réforme technocratique qui ne correspond en rien à leur configuration polycentrique, répartie en vallées et massifs. Les Pays d’Alby, les Bauges, les Pays de Filière, le pourtour du Lac d’Annecy et sûrement d’autres territoires encore se sont vu imposer de nouvelles configurations administratives niant complètement les réalités humaines et géographiques existantes.

En Savoie, les premières franchises communales ont vu le jour à partir du XIIIème siècle. Les communes ont mis des siècles à s’établir. Nous les voyons aujourd’hui disparaître ou être vidées de leur contenu  en quelques années seulement, sur la base de décisions hâtives et sans consultation démocratique des populations concernées. L’autorité et la marge de manœuvre des élus municipaux est réduite progressivement à néant. La participation des habitants est en train de fondre comme neige au soleil. N’est-il pas urgent de réagir ?


Notre association Mouvement Région Savoie (MRS)
a émergé dans les années 70 dans un contexte similaire. En alternative à Rhône-Alpes qui nous avait été imposé à cette époque, le MRS a porté le projet d’une région à taille humaine, correspondant à une identité géographique historique et économique forte : celle des Pays de Savoie. Nous sommes convaincus que si notre territoire était doté de cette autonomie régionale, nous pourrions bien mieux développer les services publics dont nous avons besoin : université, hôpitaux, transports ferroviaires, formation professionnelle, justice, culture…
Au fil des décennies, le MRS n’a cessé de militer pour un régionalisme fédéraliste, s’appuyant sur les références voisines helvétiques et valdôtaine de démocratie directe et s’inscrivant dans la ligne de pensée du philosophe genevois Denis de Rougemont. Depuis quelques temps, le mot « Région » s’est tellement vidé de sens auprès de la population que nous envisageons même de faire évoluer le nom de notre mouvement. Notre projet est désormais de promouvoir un statut de collectivité territoriale unique pour les deux départements savoyards, dotée d’une autonomie de fonctionnement aussi large que possible.


Aujourd’hui, la plus grande inégalité de la France est l’écrasante disparité Paris / Province.
Nous constatons tous les jours dans de nombreux domaines des absurdités qui sont le fruit d’un centralisme sans équivalent dans les autres pays européens. Que ce soient les difficultés de logement, les questions transfrontalières, le développement économique, la politique de l’emploi, la pollution de l’air, aussi bien que le sens donné à la loi montagne, nous sommes impuissants face à ces problèmes du quotidien qui impactent la vie de nos concitoyens. Nous n’avons d’autres solutions que de tenter de les faire « remonter » en espérant que certaines de nos doléances puissent trouver une compatibilité avec les schémas de la « pensée universelle parisienne ».

Une chose est sûre : si dans les territoires, les élus et les citoyens ne s’affirment pas vigoureusement, ils continueront à être déconsidérés, bafoués par un Etat jacobin omnipotent.


Une candidature à la présidentielle pour porter l’idée d’une réelle alternative à la centralisation

Si nous vous sollicitons, c’est que nous disposons aujourd’hui d’une opportunité de porter ces idées au cœur des débats de la présidentielle 2017. Une figure du régionalisme que nous connaissons bien s’est portée candidat : il s’agit de Christian Troadec, Maire de Carhaix (Finistère).  Il s’est illustré tout d’abord pour avoir fondé le festival musical des vielles charrues. Doté d’un caractère de résistant, aguerri dans son rôle d’élu local, il a su également lutter pour le maintien de services publics locaux, mais aussi tenir la position de porte-parole du mouvement des bonnets rouges. Il est soutenu sur l’ensemble du territoire français par la fédération de partis régionalistes « Régions et Peuples Solidaires ».

Afin que cette voix puisse se faire entendre, il est nécessaire, comme vous le savez que les cinq  cents parrainages soient réunis. Un soutien fortement exprimé provenant de maires des Pays de Savoie serait symbolique de la volonté de faire reconnaître nos besoins propres et d’afficher le ras le bol face aux décisions unilatérales et méprisantes imposées par l’État.

Nous vous invitons donc à lire avec attention la demande de parrainage de Christian Troadec ci-jointe et à y apporter votre soutien. Nous sommes à votre disposition pour en discuter de vive voix avec vous.

Tout en vous faisant part de notre respect et de nos compliments pour votre engagement public, nous vous prions, Madame, Monsieur le Maire, de recevoir l’expression de nos sincères salutations.

 

Le Président du Mouvement Région Savoie
Laurent BLONDAZ

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