Le MRS a interpellé les candidats au second tour des élections régionales 2015. Un questionnaire comportant deux questions a été envoyé aux trois listes :
1/ Auvergne-Rhône-Alpes est un ensemble disparate, élaboré sans aucune consultation des millions de personnes concernées, alors qu’aujourd’hui on parle beaucoup de territoires, avec leurs spécificités humaines, géographiques, économiques, leur histoire et leurs traditions. Le conseil régional que vous vous préparez à constituer est-il prêt à déléguer des compétences aux départements (économie, culture, tourisme…) afin de rapprocher les centres de décisions des citoyens ?
2/ Êtes-vous favorable à la fusion de certains départements, comme par exemple la Savoie et la Haute-Savoie. Dans l’affirmative, comment encouragerez-vous de tels processus ?
En ce dernier jour de campagne, nous publions les réponses (et non réponses), dans leur intégralité.
Liste Wauquiez (Union de la droite) :
Pas de réponse, malgré notre relance
Liste Queyranne (Union de la gauche) : contribution arrivée le 11/12 à 17h.
1) Je crois qu’il est tout à fait possible d’avoir une région grande comme le sera Auvergne-Rhône-Alpes et dans le même temps une Région proche des territoires, à l’écoute des habitants. C’est en tous cas avec cette exigence que j’entends relever le défi de l’union d’Auvergne et de Rhône-Alpes. La nouvelle Région sera une des premières régions européenne, forte, dynamique et attractive. Et je veux que cela profite à l’ensemble des territoires. Cela se fera dans le respect des identités de chacun d’entre eux, en faisant jouer leurs atouts et en portant une attention particulière à leurs fragilités. La proximité de la Région le permet et nous renforcerons la présence du Conseil régional dans tous les territoires . Dans cet esprit je ne pense pas qu’il soit opportun de déléguer aux Départements des compétences attribuées aux Régions. De plus ce n’est pas l’esprit de la loi de réforme territoriale qui, au contraire, dans son deuxième volet a réaffirmé et étendu les compétences de la Région.
2) Cette fusion est évoquée depuis longtemps mais je remarque qu’elle ne se concrétise pas. Je crois qu’aujourd’hui elle n’est plus un enjeu prioritaire surtout dans le cadre de la réforme territoriale qui a affirmé le rôle des Régions et prévoit l’effacement progressif des départements au profit des intercommunalités. Ce que je veux répéter ici c’est que la Région contribuera à préserver l’identité Savoie. Je tiens notamment à rappeler que Auvergne-Rhône-Alpes sera demain la première région européenne de montagne. Dans ce contexte les Savoie joueront évidemment un rôle déterminant.
Liste Boudot (FN) :
1) Le Front National est opposé à la loi NOTRe. De plus, il a déjà été opposé au découpage administratif précédant cette loi car elle ne tenait compte d’aucune spécificité culturelle, identitaire, historique ou géographique des territoires. Autrement dit, la droite et la gauche organisent le territoire de manière arbitraire et technocratique. Cela éloigne les citoyens de leurs institutions et leurs élus sans générer les moindres économies.
Par contre, le Front National se bat pour une France des provinces, des terroirs et clochers, c’est-à-dire pour un découpage basé sur deux principes : identité et subsidiarité.
2) Oui, le Front National est favorable à la fusion de certains départements si ces fusions répondent aux critères évoqués ci-dessus. De ce fait, nous sommes favorables à la fusion des départements de la Savoie et de la Haute-Savoie : ces deux départements ont la même histoire, culture et identité. Il n’y a aucune différence spécifique entre un Savoyard et un Haut-Savoyard.
Déjà en avril 1999, le groupe Front National a déposé un voeu en assemblée régionale pour demander « au gouvernement de la France de bien vouloir accepter le principe de la création d’une région Savoie et de prendre les dispositions légales pour sa mise en oeuvre dans les meilleurs délais. » Ce voeu à été rejeté par tous les autres groupes !
C’est l’Etat français seul qui a les compétences légales pour créer une telle région Savoie. Sur le plan régional, le FN n’a donc que deux moyens pour se battre en faveur de la création d’une telle région en cas de victoire électorale :
– insister et multiplier les demandes auprès du gouvernement français en place ;
– promouvoir au niveau régional l’identité savoyarde via les projets culturels, touristiques et d’aménagement du territoire.
Espérant avoir répondu à vos interrogations, nous vous prions de croire, Mesdames, Messieurs, en l’expression de nos salutations les meilleures.
Nos commentaires
– Concernant les réponses du FN, nous tenons à indiquer que nous ne sommes pas dupes de cette réponse totalement démagogique. Ce parti n’a de cesse de mettre en exergue l’absolue autorité de l’État. Dans cette logique, les promesses de considérations régionalistes présentées ci-dessus seraient bien vite écrasées par des mots d’ordre provenant du niveau national. Dans les faits, bien que n’ayant peu participé au pouvoir, le FN a déjà eu l’occasion de prouver son total mépris pour les causes régionalistes. Nous en tenons pour preuve :
– l’arc-boutement du FN contre la réunification des deux départements alsaciens, à l’occasion du référendum du 7 avril 2013.
– le refus des parlementaires FN de ratifier la charte européenne des langues régionales, qualifiées par Marine Le Pen de « Bombe à retardement ». Rien que ça !
En outre, les projets de fermeture des frontières et de repli national largement prônées par ce parti sont un mépris total pour la spécificité frontalière de la Savoie. Que feraient les 100 000 frontaliers savoyards et gessiens qui offrent chaque jour leur services à l’export dans la Suisse voisine ? Qu’en seraient nos liens culturels historiques avec Aoste et Piémont, Genève, Vaud et Valais, que nous reconstruisons progressivement depuis quelques décennies, grâce à l’Europe.
Et dans ces quelques remarques qui marquent nos différences, nous aurions long à dire sur les valeurs humaines et démocratiques dans lesquelles le MRS souhaite inscrire le projet régionaliste savoyard…
– Concernant le PS-LR, le signal semble clair : « n’attendez rien de nous ». Cette réforme territoriale a été dessinée par Edouard Balladur, et mise en œuvre par François Hollande. Au mieux, certains représentants locaux des Républicains afficheront peut-être en trophée d’avoir sauvé la compétence tourisme au niveau des départements. L’important semble pour ces deux partis de concentrer le pouvoir à Paris et dans les grands métropoles et de se l’accaparer par le jeu électoral, en espérant que cela passe et tienne… jusqu’à la prochaine élection.