Non, le Lyon-Turin ne désengorgerait en rien la circulation automobile de Chambéry !

 

 Sans chercher à répondre aux affirmations douteuses exprimées par le président de l’ACAC dans son communiqué du 2 janvier 2013, le MRS apporte ses arguments sur le fond1.

 L’association ACAC (Association Anti Contournement Autoroutier de Chambéry) pense, selon son président, que l’ouverture de la nouvelle ligne ferroviaire mixte Lyon-Turin empêcherait le contournement routier de Chambéry et l’ouverture de la nouvelle galerie de sécurité à la circulation.

 Cette association se trompe sur ces points. L’augmentation de la circulation de véhicules légers autour de Chambéry est due d’une part à l’augmentation de la population car la région est attractive, et d’autre part, à la non augmentation de l’offre au niveau des transports en commun. Elle risque de saturer dans un délai plus ou moins court les accès ainsi que les voies de contournement de celle-ci, comme la VRU, ce qui donnera un prétexte pour construire une voie de contournement.

 Le trafic international de transit, même si il est brandi par les mêmes personnalités politiques comme une excuse pour faire le contournement, est en stagnation depuis plus d’une dizaine d’années. La preuve se trouve dans les statistiques que fait l’office fédéral helvétique chaque année des passages alpins. On peut suivre ainsi le tonnage et le nombre de poids-lourds qui transitent par les deux passages du Mont-Blanc et du Fréjus. Voici le lien qui permet de vérifier ces dires :

http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/11/07/04/blank/02/02.html

 On ne peut pas dire la même chose du trafic péri-urbain : on comptabilise 4 500 poids-lourds et 82 000 véhicules légers autours de Chambéry au tunnel des Monts. Cela sans parler des autres voies de circulation dans Chambéry ou sur la RD 1006 qui va à Cognin.

Sources : www.institut-montagne.org/

voir en PDF, l’observatoire des déplacements en Savoie.

 En comparaison, on compte pour le tunnel du Fréjus seul : 2064 poids lourds et 2430 véhicules légers.

Sources : http://www.tunneldufrejus.com/web/guest/detail

 En outre, ce sont les mêmes acteurs économiques qui prônent la nouvelle ligne ferroviaire Lyon Turin et la mise en circulation du 2ème tube routier. En effet, actuellement, la décision politique est de construire l’un et l’autre. Le contraire voulu par les opposants n’est malheureusement pas d’actualité (en témoigne la réponse faite par la répression qu’ont fait les autorités sur les manifestants le 3 décembre 2012 à Lyon). Donc, le schéma des promoteurs du Lyon Turin est de construire aussi des nouveaux tubes routiers pour les ouvrir à la circulation.

En nous battant contre une nouvelle ligne ferroviaire, nous nous battons contre un nouveau tube routier ouvert à la circulation et à un contournement routier à Chambéry.

Car nous demandons depuis plusieurs années maintenant que soit fait un report modal de la route vers le rail en utilisant la voie actuelle : 700 000 camions pourrait être transférés immédiatement de la route vers le rail, et ainsi d’abaisser les nuisances dues au transit de poids lourds.

Les nuisances dû au trafic routier ne viennent pas seulement du transit international mais surtout des déplacements des véhicules légers locaux et régionaux, nous demandons aussi de créer des alternatives crédibles à la voiture en améliorant et en favorisant les transports en communs, et les modes de transport doux que sont le vélo ou la marche à pied.

Pour réduire les nuisances dues à l’utilisation de véhicules, nous demandons surtout qu’il y ait une politique efficace contre le mitage et l’étalement urbain. La multiplication et la dissémination des maisons individuelles rendent difficile la mise en place d’un réseau efficace de transport en commun. De même la croissance des zones commerciales qui concurrence directement les centres villes rend difficile le non usage de la voiture personnelle pour faire ses courses.

Nous pouvons rajouter que la politique de casse du service publique exercée ces dernières années a fait augmenter l’usage de la voiture individuelle. Par exemple, le fait de concentrer l’offre médicale sur Chambéry entraine un déplacement de population vers cette ville qui n’existait pas avant. L’agrandissement de l’hôpital de Chambéry en lui même risque de provoquer un raccordement au réseau autoroutier pour des questions d’urgences peut-être par la passerelle Gambetta, peut être par un contournement autoroutier.

De plus, lors d’un précédent communiqué, nous avons insisté pour que les poids-lourds ne circulent pas à moitié rempli mais que leurs courses soient optimisées. En effet, avec la politique de flux tendus lancée dans l’industrie il y une dizaine d’années, des fragments de stocks se retrouvent en perpétuel mouvement sur les routes et autoroutes.

C’est pourquoi nous ne sommes ni en concurrence avec l’ACAC, ni avec l’ARSMB et c’est pourquoi nous sommes venus apporter notre soutien lors de la manifestation du 17 novembre 2012 au pied du Mont-Blanc. Nous refusons le discours visant à opposer les vallées de l’Arve et de Maurienne.

 

Emmanuel Coux

 

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1Sur le site l’ACAC 73

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