Lô p’tiouts Jean SDF
Dans les années 1970 la mairie d’Annecy pavoisait pour fêter le 19 février, « fête nationale » des Savoyards. Ainsi en avaient décidé les édiles de l’époque. Ca ne mangeait pas de pain, c’était sympathique et surtout cela montrait leur volonté de ne pas se couper d’un passé fameux.
Les temps changent. Le 19 février 2010, Annecy fêtait… sa candidature aux JO laquelle allait se terminer comme on sait. Le public était invité «à participer à un grand défi pour soutenir les athlètes français et porter haut les couleurs d’Annecy 2018.».
Ainsi va la modernité. En ces beaux jours de septembre on apprend dans la presse que «Lô p’tiouts Jean de Vovray sont au bord de la crise de nerfs» car ils ne savent pas où aller. Lô p’tiouts Jean est une association qui s’acharne à transmettre la culture de nos anciens par le chant, la danse, les costumes et les fêtes paysannes. Jean est le prénom de leurs trois premiers animateurs, comme les Bretons de Tri Yan an Naoned ! Fondé dans les années 50, ce « musée vivant » – c’est ainsi qu’il se désignent – présente des spectacles en France, à l’étranger, multiplie les échanges, fait revivre les traditions en organisant des fêtes paysannes. Malheureusement leur grande salle de répétition trop proche du dépôt pétrolier de Vovray devra être abandonnée dans le cadre du plan de prévention des risques technologiques.
Ils sont donc potentiellement expulsables et la mairie d’Annecy leur a fait savoir par la voix de l’adjoint Thierry Billet qu’elle n’avait pas de local pour les accueillir. Que de bienveillance et d’ouverture culturelle !
On se souvient des grandes ambitions culturelles d’Annecy qui dans le cadre des JO promettait de mettre l’accent sur «l’universalisme et la mixité des influences entre sport culture et éducation entre tradition et modernité urbaine». On ne saura jamais ce que ça signifiait mais ça sonnait tendance même si on avait payé tout ce baratin un peu cher. Alors vous pensez bien la polka, les bougnettes et « la Maïon su on pomi»…!
Mais le comble c’est que contrairement à l’Etat et au dépôt pétrolier qui se sont engagés chacun à la hauteur de 33% pour indemniser les membres de l’association de la perte de leur local, la C2A (Communauté de l’Agglomération d’Annecy), le département et la région (rhône-alpes) n’auraient ni fixé leur contribution ni même donné un accord de principe.
La culture traditionnelle persona non grata sur son propre sol : quel désolant symbole ! Il ne reste plus aux p’tiouts Jean devenus SDF qu’à renouer avec la tradition des balladins pour partir en tournée vers la Suède, l’Allemagne ou le Québec. Il paraît que là bas on apprécie le folklore savoyard.
Le Farou
Sources :
« Lô p’tiouts Jean de Vovray sont au bord de la crise de nerfs », DL, le 08/09/2011
Site internet de l’’association “Lô P’tiouts Jean de Vovray” : http://www.ptiouts-jean-vovray-annecy.fr/