Un coin de terre irradié
Difficile de commenter l’actualité en ce moment sans avoir une pensée pour ce qui se passe au Japon. L’émotion est immense et terrible pour ces dizaines de milliers de personnes qui viennent de vivre la mort de leurs proches, la disparition de leur lieu de vie, et par dessus cela, l’horreur du risque nucléaire.
Aimer son coin de Savoie, c’est aussi avoir de l’empathie pour ce peuple enraciné sur ce bord de la côte du Pacifique, dans cet archipel qui a toujours su associer modernisme et tradition. Au delà du flux d’images terribles que nous découvrons au fil des heures, j’ai sélectionné sur la toile cette vue qu’un habitant des alentours de Fukushima avait souhaité montrer au monde entier. Un petit morceau d’identité nippone probablement englouti aujourd’hui par le tsunami.
Les destructions ont été d’une violence inouïe. Malheureusement, l’irradiation supplante encore la destruction. Quoi de plus terrifiant que d’imaginer que ce coin de terre que des hommes ont aimé, ne sera plus vivable, qu’ils ne pourront peut-être plus le reconstruire, qu’ils n’en tireraient que contamination et maladies.
Il me vient par ailleurs une pensée pour ceux que l’on a oublié. Le paysan biélorusse qui se nourrit des fruits de sa terre contaminée. La mère ukrainienne qui élève son enfant mal formé. Le Touareg du nord Niger qui respire les vents irradiés par des extractions d’uranium.
Il me vient une pensée aussi pour les femmes et les hommes qui autour du monde se sont courageusement engagés pour alerter des dangers réels du nucléaire. Bravant la pensée unique, les écologistes ont souvent été montrés du doigt, ridiculisés. Passant pour des rêveurs, ils ne sont rien de plus que des citoyens responsables et réalistes, œuvrant pour que les générations futures puissent vivre sereinement.
La colère monte quand j’entends aboyer les chiens de garde, s’appliquant à désinformer pour sauver l’image de l’industrie du nucléaire, et sauver cyniquement les intérêts personnels qui la composent. Qu’ils soient ministres, hommes politiques de droite et même de gauche, journalistes d’opinion ou influenceurs employés à manipuler l’internet, ces sujets du lobby de l’atome auront-ils un jour, la pudeur de s’arrêter ?
Ou saura-t-on les arrêter, avant que notre coin de terre, ou d’autres…, soient irradiés ?
LB