Dictature préfectorale en Haute-Savoie : la communauté de communes du Pays d’Alby avait voté sa fusion avec celle de Rumilly, ces deux territoires faisant partie d’un même ensemble géo-historique, l’Albanais (ne parlons même pas de la communauté de communes d’Albens déjà écartée par l’infranchissable frontière 73/74). Mais le préfet de Haute-Savoie, s’opposant ouvertement à la volonté des élus a décidé qu’il en serait autrement, et a d’autorité rattaché la CCPA à l’agglomération annécienne qui trouvera là une mine de places d’élus et de terrains à urbaniser qu’elle pourra distribuer selon les intérêts du moment.
Si les élus des communautés de communes sont bien élus à un moment donné par les citoyens, ce n’est en revanche pas le cas du préfet qui est nommé par l’Etat. C’est pourtant à lui que revient la décision finale, au mépris de toute démocratie.
Dans une véritable démocratie, comment tolérer qu’un personnage qui ne représente pas la population puisse décider pour elle en lieu et place des représentants qu’elle s’est choisie ? Une preuve de plus (s’il en fallait une) que si en France la démocratie est bien une illusion savamment entretenue, la République des énarques tout-puissants est elle bien réelle et qu’elle n’a pas fini de redécouper les territoires et les mettre en coupe réglée selon son bon plaisir.
Dégoûtés par la politique (à juste titre), beaucoup de citoyens s’en sont détournés et vaquent à leurs petites occupations. Ils ont tort car ces décisions absurdes, prises aujourd’hui par un petit nombre pour son seul profit, auront demain des répercussions difficilement réversibles sur nos vies quotidiennes. Et ce n’est là que l’un des exemples de ces fusionnites à l’emporte-pièce qui mettent les territoires des pays de Savoie à la découpe, et au delà, bon nombre de territoires ailleurs en France… Jusqu’à quand ?
Dans l’article 72 de la constitution, on peut lire : « Dans les conditions prévues par la loi, ces collectivités s’administrent librement par des conseils élus et disposent d’un pouvoir réglementaire pour l’exercice de leurs compétences. » et aussi : « Dans les collectivités territoriales de la République, le représentant de l’État, représentant de chacun des membres du Gouvernement, a la charge des intérêts nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois. »… Le préfet devrait expliquer en quoi la fusion entre les intercommunalités d’Alby et de Rumilly serait contraire aux « intérêts nationaux » ou à la loi, alors que la fusion avec Annecy ne le serait pas…
Comment respecter un Etat qui s’assoit sur les textes dont il est censé être le garant ?
RG
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